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Éloge funèbre de Guillaume Tell

Editions de l’Aire 2022

Mon cher Guillaume Tell,

Devant ta tombe ouverte, laisse-moi te parler en ami. Le temps n’est plus aux vains discours, mais à la sincérité. La Suisse t’a exécuté le 26 mai 2021. Nos autorités ont décidé de t’enterrer en toute discrétion aujourd’hui. J’ai obtenu la permission de m’adresser à toi sans que nous soyons dérangés, et me voilà dans ce carré d’herbe qui a été choisi pour te donner une sépulture. Seul devant ton cercueil, je souhaite clore les différends que nous avions cru avoir et qui en réalité n’existaient pas. Moi, le Romand, l’Européen, autrement dit le mauvais Suisse, je tiens à te rendre hommage.

Qui a tué Guillaume Tell ? Une légende peut-elle mourir ? Comment pourrait renaître la liberté incarnée par le célèbre arbalétrier ? Quelle promesse se noue au bord de sa tombe ? 

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La médiocrité de la culture politique suisse révèle celle de ses institutions

Evoquant la Suisse dans la dernière édition de L’Hebdo, Frank A. Meyer met en évidence son manque cruel de culture politique. A juste titre, il souligne la faiblesse des débats, la rareté des idées, l’incapacité de penser l’Etat. Simultanément, il qualifie le système suisse de chef d’œuvre, exemplaire et génial. Or ces deux affirmations forment un contresens magistral ! En effet, structures et vie politiques sont consubstantielles, comme le squelette et les muscles d’une personne. On ne peut pas les dissocier. Ainsi, la pauvreté du débat public est souvent la conséquence logique de mécanismes médiocres. Autrement dit, si la culture politique suisse est si faible, c’est notamment parce que les institutions suisses encouragent par nature l’éradication de la moindre pensée.

  Morcellement des territoires, morcellement des enjeux en votations permanentes, morcellement de l’exécutif réduit à une addition de politiques contradictoires, parlement de milice, droit d’initiative favorisant le populisme jusqu’à l’absurde, ces déficits structurels produisent des effets majeurs sur les esprits. Dans un système basé sur la gestion sectorielle au coup par coup et au jour le jour, les connaissances historiques, la vision, le courage ne sont pas seulement pas inutiles, mais constituent une faute. A l’inverse, une prime est offerte aux tacticiens et aux comptables, férus de géométries aussi variables qu’éphémères.

  Si Frank A Meyer vit des débats passionnants à Berlin, c’est aussi parce que les institutions allemandes, très habilement réformées après la guerre, offre un bon équilibre entre cohésion et décentralisation. Contrairement à la Suisse vitrifiée dans sa « Landesgemeinde nationale », ou à la France réduite à un affrontement binaire par l’élection présidentielle. Et si le cadre suisse était dynamique, sa culture le serait aussi. Par conséquent, aucun homme providentiel, aucun nouveau parti, aucune formule magique ne dispenseront la Confédération de repenser ses fonctionnements pour retrouver sa vitalité.

La Suisse ou la Peur? Post-scriptum

Notre livre « La Suisse ou la Peur ? » suscite des réactions des deux côtés de la Sarine. Nous nous en réjouissons. Notre proposition d’élire une Assemblée constituante échauffe les conservateurs. Nous y étions préparés.

Certains nous reprochent de ne pas avoir indiqué comment cette Constituante doit être mise sur pied. Or c’est à dessein que nous n’avons pas voulu fermer le débat par l’élaboration d’une feuille de route contraignante. Nous rappelons toutefois que les citoyens se prononceront bientôt sur l’initiative de l’UDC qui demande l’élection du Conseil fédéral par le peuple. Cette « cantonalisation » de l’échelon fédéral déséquilibrerait fortement le système, sans permettre une approche globale des institutions. A l’inverse, une Assemblée constituante pourrait se saisir de la question du gouvernement, tout en repensant de manière cohérente l’ensemble des pouvoirs. Concrètement, l’opération se déroulerait en deux temps. Les Chambres proposeraient tout d’abord l’élection d’une Assemblée constituante comme contre-projet à l’initiative UDC. En cas d’acceptation par le peuple et les cantons, la Constituante serait élue selon des modalités qui pourraient reprendre celles du Conseil national.

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Un pari électoral radicalement faux

Aveuglement ou masochisme ? Au moment où la droite nationaliste s’essouffle, où le Parti radical suisse renonce enfin à un suivisme suicidaire, sa section vaudoise a décidé de s’allier bravement à l’UDC.

En matière économique, ce choix surprend. Les Radicaux Vaudois, que l’on croyait proches des entreprises, s’allient avec ceux qui veulent tuer la libre circulation des personnes sans se soucier de l’emploi. Ils compliquent ainsi la tâche des patrons obligés de se battre contre des populistes qui n’ont aucune exigence de résultat, si ce n’est l’augmentation de leur pouvoir. Ont-ils l’intention d’expliquer aux citoyens qu’ils sont amis de l’UDC au vu de l’arithmétique électorale et adversaires s’agissant de la prospérité de la Suisse ?

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La Suisse ou la peur

Etrange démocratie. Une Conseillère fédérale s’en va. Aussitôt les calculs tacticiens se multiplient, tandis que les portraits des successeurs potentiels se succèdent. L’arithmétique fédérale et la psychologie des papables occupent le devant de la scène, alors que la question des choix politiques du gouvernement n’est pas posée.

De même, la campagne électorale pour le renouvellement des Chambres bat son plein, sans que l’avenir de la Suisse soit interrogé. Les candidats sont-ils sur facebook, la communication des partis est-elle plaisante, voilà les considérations qui agitent les esprits. Le style du décor passionne, alors que le destin du pays est laissé aux bons soins des circonstances.

Or la Confédération traverse une crise morale et structurelle. D’un côté, angoissée par les changements qui l’entourent, elle produit une monoculture nationaliste qui rejette les apports extérieurs et nie sa propre diversité. De l’autre, handicapée par des institutions conçues pour le 19ème siècle, elle ne parvient plus à donner une direction ni un sens à sa vie politique. J’en suis convaincu, elle ne sortira pas de cette impasse sans de profondes réformes.

Dans ce but, il est temps d’élire une Assemblée constituante fédérale. C’est la proposition que Roger Nordmann et moi développons dans ce livre qui vient de sortir. Refusant de voir le populisme figer la société suisse, persuadés que la Confédération est perfectible, nous estimons qu’il faut offrir aux citoyens un grand débat sur le contrat qui les unit. Prolongeant notre appel, une contribution de l’historien Sergio Romano porte sur le destin de la Suisse un regard particulièrement pénétrant.

La Suisse ou la Peur (double couv)

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A vous lecteur d’entrer dans le débat ! Faut-il rejouer Morgarten ou élaborer une pensée et des outils pour demain ? Quelle que soit votre position, elle influencera une société bloquée au carrefour entre l’exploitation de la peur et la rénovation de la Suisse.

François Cherix

 

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Après les néolibéraux, place aux néonihilistes !

Gorgias, sophiste du 4ème siècle avant J-C, ne s’embarrassait pas de nuances ; pour ce père du nihilisme philosophique, rien n’existe ; et si par hasard quelque chose devait exister, il serait impossible de le saisir et davantage encore de le communiquer. Diverses variations s’inscriront dans ce sillage, notamment une composante morale qui niera l’existence de valeurs et de hiérarchies entre elles. Au plan politique, les nihilistes russes du 19ème siècle n’admettront aucune contrainte de la société sur les individus et pratiqueront le terrorisme pour supprimer plus rapidement les structures existantes. Sans concession, ces apologies du rien ont en commun une critique des systèmes qui vise leur destruction.

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