Le Parlement a élu le nouveau Président de la Confédération. On ne peut pas dire que l’affaire ait soulevé les passions. Elle aurait au moins pu entraîner un début de réflexion politique sur les orientations du Conseil fédéral. Mais la question des choix programmatiques de l’exécutif suisse ne peut jamais être posée, ni traitée.
Sept personnes issues de partis concurrents, additionnées sans négociations préalables, agissant sans contrat de législature, dépendant d’un parlement aux majorités variables, soumises de surcroît aux aléas des référendums et des initiatives populaires ne peuvent faire mieux que gérer leur Département, sans se fâcher avec les six autres.
Diamétralement opposé, le système allemand montre de manière exemplaire comment s’organise un régime de coalition basé sur de vraies négociations politiques, visibles, lisibles, respectueuses des citoyens. Au lendemain des élections, les partis gagnants se rencontrent, discutent, confrontent leurs idées et leur éventuelle capacité à gouverner ensemble. Et quand une coalition se met en place, elle est le fruit d’un accord, dont les grands axes sont connus, publiques, susceptibles même d’être validés par les militants.
En Suisse, quels que soient les joueurs et quelle que soit la mise, le jeu gouvernemental reste un casino politique. Parfois les affaires roulent, parfois elles périclitent, mais les résultats sont toujours aléatoires et les concepts invisibles.
C’est dans un tel contexte que Didier Burkhaler a déclaré : « ma femme est une chance pour la Suisse ». Insignifiante, cette remarque a pourtant fait la manchette d’un quotidien romand. Sans doute, les journalistes n’avaient-ils rien de plus substantiel à se mettre sous la plume. Ce qui n’est pas encore la faute des Conseillers fédéraux. En fait, l’actuel système de collège gouvernemental n’autorise pas de pensée dépassant sa vocation, à savoir la promotion soigneuse, prudente et consensuelle du vide programmatique.