L’horreur rend dérisoires des questions que le confort laisse croire essentielles. Au vu des attentats de Paris, le tourment de la Suisse qui se demande chaque jour par quelle astuce juridique elle pourra rester hors de l’Union européenne tout en profitant de son marché et de sa protection devient pitoyable.
Aujourd’hui, la seule frontière pertinente pour les citoyens de notre contient est celle qui sépare la liberté de la terreur, la justice de la violence, le respect de la haine. Ni la sécurité, ni la démocratie ne peuvent être préservées par des Etats isolés, cloisonnés, enfermés dans leur nationalisme respectif. La défense de nos valeurs et de nos modes de vie dépend des coopérations à l’échelon européen.
Nous, Suisses, depuis la nuit des temps, nous sommes faits des problématiques et des cultures qui nous entourent. Nos langues, nos histoires, nos vies, nos peurs, nos ambitions, nos politiques, nos faiblesses, nos richesses sont profondément intriquées dans celles de nos voisins.
Ainsi, même s’il le nie, chacun d’entre nous est par nature à la fois citoyen suisse et citoyen européen. Jamais l’un sans l’autre, toujours autant l’un que l’autre. Ainsi, le refus de siéger à Bruxelles ne place pas la Confédération hors de l’Europe, mais dans une situation insensée, qui réduit ses capacités d’influence sans diminuer ses dépendances.
Or, demain, pour défendre nos intérêts face aux problématiques globales du siècle, nous aurons plus que jamais besoin d’être intégrés dans les décisions et les solutions relevant de notre continent.
A dessein, les attentats de Paris ont visé des quartiers libres, légers, rebelles, vivants, curieux, voltairiens, cosmopolites. Ce sont les nôtres, en tant que Suisses et Européens. Et cette double appartenance ne peut être vécue que dans l’Union.