Un pari électoral radicalement faux
Aveuglement ou masochisme ? Au moment où la droite nationaliste s’essouffle, où le Parti radical suisse renonce enfin à un suivisme suicidaire, sa section vaudoise a décidé de s’allier bravement à l’UDC.
En matière économique, ce choix surprend. Les Radicaux Vaudois, que l’on croyait proches des entreprises, s’allient avec ceux qui veulent tuer la libre circulation des personnes sans se soucier de l’emploi. Ils compliquent ainsi la tâche des patrons obligés de se battre contre des populistes qui n’ont aucune exigence de résultat, si ce n’est l’augmentation de leur pouvoir. Ont-ils l’intention d’expliquer aux citoyens qu’ils sont amis de l’UDC au vu de l’arithmétique électorale et adversaires s’agissant de la prospérité de la Suisse ?
Au plan éthique, cette alliance consterne. Jamais, depuis des décennies, nos sociétés n’ont paru si fragiles, secouées par la crise financière, cisaillées par les nationalistes, atomisées par les égoïsmes, moquées par les cyniques. Dans cette tempête, le courage et la raison sont requis ; l’absolution des incendiaires n’est plus de mise.
Or les Radicaux vaudois ne voient ni ne comprennent ces exigences. Ont-ils prévus de condamner prochainement les affiches de l’UDC, les dérives de ses leaders ou leurs amitiés avec les blocs identitaires européens ? Certes, ils croiront pouvoir se justifier en invoquant la modération de sa composante vaudoise ; mais elle n’exonère personne tant que la section cantonale ne s’oppose pas aux outrances de la direction centrale. Autrement dit, pour un élu de l’UDC, quelle que soit sa prudence, une question reste incontournable: comment être un homme honnête dans un mouvement qui ne l’est pas ? En réalité, la xénophobie bienveillante ou l’extrémisme raisonnable n’existent pas. Chacun le sait sans oser le dire, le succès de l’UDC ne tient pas à son souci du bien commun ni à la compétence de ses élus, mais à la violence répétée de ses attaques tous azimuts ; c’est son marketing de l’intolérance simpliste qui fait sa force.
Le Parti radical vaudois manque une occasion unique. Dans une crise où l’analyse prime, alors que les Suisses attendent des solutions crédibles, au moment où les gesticulations nationalistes montrent leurs limites, sachant que l’UDC tourne le dos à l’économie, il était temps de rompre une entente contre nature. Ce contexte offrait au PLR une opportunité remarquable de se différencier des xénophobes et d’imprimer sa propre marque au débat. Etrangement, il a préféré cautionner ceux qui ont grandi à son détriment et souhaitent sa perte.
S’est-il contenté d’additionner des pourcentages ? Croit-il possible de se renier provisoirement pour mieux s’affirmer demain ? Un pari électoral a certainement prévalu sur l’élaboration d’une stratégie politique ambitieuse, structurée et durable. Tactique de perdant. L’histoire a montré que ce type de calcul s’avère toujours à terme radicalement faux.